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RAÄVENA
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Je soulevai un des deux pans de tissu qui servaient d'entrée à la tente et je fus aussitôt frappée par la chaleur et l'humidité ambiante. Sans parler des senteurs parfumées qui flottaient dans l'air. Cette tente avait été aménagée en salle de bain pour le confort des dames de la noblesse. Évidemment, elles n'allaient certainement pas se laver à l'eau froide et à la vue de tous dans la rivière comme les esclaves, elles étaient trop bien pour ça.
— Ah, te voilà ! s'exclama l'elfe. Approche !
Elle était installée dans une grande baignoire circulaire en bois placée au milieu de la pièce. Ses cheveux noirs et mouillés étaient plaqués contre son crâne, laissant ainsi en vue son superbe visage. Je suivis la dorure qui décorait son nez droit et qui remontait jusqu'à son front pour former un cercle parfait. Elle en avait d'autres au niveau des épaules et qui descendaient le long de ses bras pour terminer leur course sur ses doigts en d'élégantes courbes qui habillaient sa peau de porcelaine. Je m'approchai de ce modèle de beauté et attendit mes prochains ordres.
— Viens donc t'occuper de moi, ce voyage m'épuise et j'ai besoin de me détendre.
— Bien, Madame.
Je regardai alors autour de moi et m'emparai d'une éponge avant de venir prendre place dans le dos de la noble dame elfique. Je trempai l'objet dans l'eau chaude du bain puis le porta aux épaules de l'autre femme pour commencer à la laver avec précaution, mais avec une certaine fermeté tout de même. Les soupirs d'aise que j'entendis me confirmèrent que je faisais ce qu'il fallait, ce qui était rassurant, je n'avais pas envie de perdre ma tête pour un geste mal placé. Mais lorsque les doigts fins d'Edea s'enroulèrent autour de mon poignet délicatement, je cessai tout mouvement.
— Tu es plutôt habile de tes mains de ce que j'ai pu constater. Ne l'es-tu que pour les massages ou sais-tu t'en servir autrement ?
Si j'avais été une jeune vampire, j'aurais très peut-être eu beaucoup de peine à saisir le sens de cette phrase. Mais ici, je n'avais aucun doute sur le fait que la sœur cadette d'Aolis était en train de me faire des avances sexuelles. Je baissai les yeux pour croiser le regard malicieux de l'elfe qui s'était mise à me caresser doucement le poignet du bout des doigts. Mon attention se tourna vers les deux pans de tissus, il y avait des gardes devant la tente, mais ils n'auraient certainement pas l'audace de rentrer sans une bonne raison. Mes doigts relâchèrent donc l'éponge qui tomba dans l'eau dans un petit bruit tandis que je me redressai pour retirer ma robe déchirée. Exposant ainsi mon corps pâle et tatoué à la vue de la femme qui m'avait provoquée. L'étoffe blanche malmenée se retrouva abandonnée sur le sol lorsque j'entrai dans la baignoire sous le regard écarquillé d'Edea.
— Qu'est-ce que tu... Hum ?!
Je vins de la faire taire en se saisissant durement de sa mâchoire, l'obligeant à légèrement basculer la tête vers l'arrière. Je plantai mon regard sanguinolent dans les deux lacs clairs qui composaient celui de la noble dame, pendant que je lui lapai le menton et les lèvres, souillant sa peau parfaite de salive. Ce geste eut pour effet de faire gémir la femelle en face de moi. Bien que le bruit qu'elle émit se rapprocha plus d'un couinement. Cela me tira un rictus moqueur, les sons pitoyables que pouvaient produire ces créatures m'avaient souvent amusée. À nouveau les doigts élégants d'Edea se refermèrent sur mon poignet alors que je l'obligeai à tourner la tête sur le côté, mes extrémités toujours fermement cramponnés au bas de son visage.
— J'entends votre cœur battre fort, Madame, auriez-vous peur ? la questionnai-je d'une voix sensuelle. Je croyais que vous vouliez que je vous montre ce que je savais faire d'autre de mes mains.
— Pas comm... Ah !
Je ricanai et soufflai ensuite sur l'oreille pointue que j'avais à ma disposition avant de venir la mordiller, tirant de nouveaux sons pathétiques à la cadette du roi. Ce n'était pas la première fois que j'avais ce genre de relations avec un elfe, nombre de mes précédents maîtres m'avaient abusée. Je savais donc que leurs oreilles s'avéraient particulièrement sensibles. Mais cette femme était bruyante, elle risquait d'attirer les gardes à réagir de la sorte. Je la muselai à l'aide de la main qui lui tenait auparavant la mâchoire.
— Madame, il serait regrettable que quelqu'un entre ici et qu'il vous découvre, vous, la sœur du roi, dans une situation pareille avec une esclave. Que penseraient-ils de vous ?
Je redressai la tête pour regarder Edea qui ne ressemblait plus qu'à une pauvre petite chose ainsi, toute trace de noblesse avait disparu. Et c'était exactement ce que je désirais observer. Je souhaitai le voir dans une position de vulnérabilité, inverser les rôles. Être la maîtresse et que cette elfe, qui avait espéré jouer avec le feu, soit l'esclave. Cependant, j'attendais également voir si cette petite allumeuse allait assumer jusqu'au bout ou si elle allait se dégonfler en réalisant qu'elle n'était pas tombée sur une soumise.
— Mais vous semblez trop effrayée, je ne veux pas vous traumatiser, arrêtons-nous là. Je me contenterai de vous masser les épaules et de vous brosser les cheveux, Madame.
Je libérai la bouche d'Edea et me redressai pour sortir de la baignoire. Sauf que je fus retenue par la noble dame, il me fallut un gros effort pour ne pas sourire à pleines dents face à cela. Je fixais, celle qui était censée être la dominante, de haut, actuellement, elle n'était rien de plus qu'une petite chose en chaleur qui requérait se faire humilier par une esclave.
— Attends, je veux que tu continues, je serai discrète, s'il te plait.
— Très bien, répondis-je avec un rictus au coin des lèvres.
Je repris alors place dans l'eau, déposai mes mains sur les genoux de ma partenaire et me glissai entre les jambes après les avoir écartées. Je rapprochai mon visage de celui de la cadette du roi et provoquai le frôlement de nos lippes tandis qu'un grognement vibra dans ma poitrine. Je pus apercevoir la peau parfaite de l'elfe se couvrir de chair de poule après cela, son cœur battait également de plus en plus fort. Je l'entendais avec clarté, tout comme son sang, qui circulait à toute vitesse dans ses veines. Ma bouche s'appuya contre sa gorge pour y poser un chemin de baisers brûlants. Une ligne que je remontai avec ma langue pendant que mes mains plongeaient sous l'eau pour caresser ses cuisses. Sa peau était extrêmement douce, un véritable plaisir de la parcourir de mes doigts. Je pouvais petit à petit sentir l'odeur de l'excitation sexuelle émaner d'elle, la chaleur et l'humidité de la tente la rendaient encore plus forte.
— Tu es à moi pour les prochaines minutes, c'est clair ? lui susurrai-je chaudement. Tout ce que tu as le droit de faire, c'est gémir.
— Oui, je... Ah !
— J'ai dit : seulement gémir.
J'avais pincé son clitoris pour la faire taire, je m'appliquais maintenant à le masser de manière diaboliquement lente. Voilà ce que j'étais réellement, une dominante, une bête sauvage, pas une chienne docile. Mais je n'avais d'autre choix que d'enfiler le déguisement d'un animal soumis pour rester en vie, puisque j'avais été privée de ma véritable force. Alors je profitais de ces instants où je n'avais pas besoin de porter mon masque et où je pouvais reprendre ma place de prédateur.
— Ton obéissance sera récompensée, ne t'en fais pas, je ne suis pas comme vous. Je sais me montrer généreuse avec les gentilles filles.
***
J'étais en train de me sécher avec la serviette que j'avais précédemment utilisée pour éponger l'elfe. Cette dernière était occupée à enfiler un kimono léger en soie bleu pâle, qui devait faire office de vêtements de nuit, un peu plus loin. Je ne la regardai pas plus que de raison, je terminai au plus vite pour pouvoir ensuite me rhabiller. Mais alors que j'allais pour ramasser sa robe déchirée, la sœur cadette du souverain des elfes l'arrêta.
— Laisse, dit-elle calmement, c'est une loque, je vais te demander qu'on t'apporte autre chose.
Elle traversa la petite distance jusqu'aux pans de tissus qu'elle souleva d'un geste gracieux pour s'adresser à l'un des gardes. Elle referma l'entrée avant de poser mes yeux bleus sur moi, un doux sourire étira ses lèvres tandis qu'elle me fit signe de m'avancer vers elle. Je fis quelques pas pour me retrouver à la hauteur de l'elfe. Cette dernière approcha son visage pour m'embrasser avec une certaine tendresse, ce qui laissa la noiraude ébaubie. Pourquoi pareil geste ? Nous avions, effectivement, partagé un moment d'intimité, mais rien d'autre. Alors ce geste était inexplicable. Je ne lui rendis pas ce baiser, trop étonnée, heureusement, Edea ne sembla pas m'en tenir rigueur.
— J'espère que tu prendras encore soin de moi à l'avenir. Au fait, quel est ton nom ?
— Raävena, Madame.
Les formules de politesse étaient revenues et j'avais remis mon masque de chienne obéissante. Le soldat dépêché quelques instants plus tôt signala sa présence en disant qu'il lui rapportait ce qu'elle lui avait demandé. La noble récupéra des habits rigoureusement pliés qu'elle tendit ensuite à la vampire.
— Tiens, porte ça, je t'en fais cadeau, alors ne l'abîme surtout pas.
— Merci, je vous promets d'en prendre grand soin.
Je m'inclinai humblement avant de déplier les étoffes dans le but de m'en vêtir. Ce n'était pas très difficile à mettre, il s'agissait d'un kimono court immaculé aux manches amples brodées de fil d'or. La ceinture nouée à la taille était elle aussi dorée et par-dessus celle-ci passait une attache noir et blanc tressée qui pendait sur le côté droit du vêtement. Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de me dire que ces larges manches n'étaient pas ce qu'il y avait de plus pratique pour travailler. Cependant, je n'étais pas assez stupide pour cracher sur un présent comme celui-là, j'imaginais sans mal que ce vêtement devait coûter une véritable petite fortune. Entre la soie et le fil d'or, cette tenue valait plus que ma personne. J'avais même eu droit à une modeste paire de chaussures, rien d'extraordinaire, des sandales noires avec une double bride en tissu tressé rouge. Mais lorsque l'on avait l'habitude de marcher pieds nus, c'était un changement appréciable.
— Merci encore pour ce précieux cadeau, avez-vous toujours besoin de moi, Madame ?
— Non, tu peux disposer.
Je m'inclinai une nouvelle fois avant de déserter les lieux, laissant la noble dame. Lorsque je quittai la tente, je n'adressai pas une œillade aux deux gardes, même si je pouvais sentir leurs regards persistants rivés sur mon dos. Je cherchai mes congénères parmis la foule pour aller les rejoindre, mais aucun vampire en vue. Probablement étaient-ils occupés à d'autres tâches, après tout, ils étaient là pour travailler. Mais au moment où j'allais amorcer un mouvement, dans le but de moi aussi trouver quelque chose à faire, on héla mon surnom — sang pur — quelques tentes plus loin. Je me fis violence pour ne pas rouler des yeux, étais-je si indispensable pour qu'on m'appelle sans arrêt ?
— Le repas de sa majesté ! Dépêche-toi !
Je rebroussai donc chemin pour dépasser la tente dont je m'étais extraite quelques instants auparavant et alla récupérer le plateau qui avait été préparé. Comme la foi précédente, un délicat fumet se dégageait des plats chauds qui y reposaient. Mais je ne pouvais savoir ce qui se trouvait dans le large bol, son contenu étant masqué par un couvercle. Je marchai jusqu'à la tente royale et m'annonçai, attendant qu'on m'ordonne d'entrer. Chose qui arriva bien vite. Lorsque je fus à l'intérieur, je retirai mes chaussures pour ne pas salir les peaux de bêtes sur le sol. De la même manière que la dernière fois, je servis le souverain, mettant chaque mets à la place qui lui était réservée. Je posai ensuite rapidement mes yeux sur le monarque, il était, cette fois, vêtu d'un kimono de nuit léger, rouge vif, toujours largement ouvert sur son torse et ses cheveux cascadaient avec élégance sur mes épaules.
Je me détournai avant qu'il ne s'en aperçoive et m'approchai du plateau, pourtant, une interrogation me brûlait les lèvres et je ne serais pas tranquille tant que je ne l'aurais pas énoncée. J'eus donc l'audace de m'adresser à celui qui était mon maître.
— Puis-je vous poser une question, Monseigneur ?
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